{"id":290609,"date":"2015-11-27T12:21:00","date_gmt":"2015-11-27T11:21:00","guid":{"rendered":"https:\/\/ac-franchise.be\/reflexions-quant-a-une-reforme-du-regime-dindemnisation-de-la-resiliation-pour-faute-grave-des-contrats-de-concession-et-dagence-5323"},"modified":"2015-11-27T12:21:00","modified_gmt":"2015-11-27T11:21:00","slug":"reflexions-quant-a-une-reforme-du-regime-dindemnisation-de-la-resiliation-pour-faute-grave-des-contrats-de-concession-et-dagence-5323","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/ac-franchise.be\/article\/reflexions-quant-a-une-reforme-du-regime-dindemnisation-de-la-resiliation-pour-faute-grave-des-contrats-de-concession-et-dagence-5323","title":{"rendered":"R\u00e9flexions quant \u00e0 une r\u00e9forme du r\u00e9gime d’indemnisation de la r\u00e9siliation pour faute grave des contrats de concession et d’agence"},"content":{"rendered":"
\u00a0\u00a0 \u00a0 \u00a0 1.\u00a0\u00a0 \u00a0L’invocation par un conc\u00e9dant d’une faute grave de son concessionnaire engendre des cons\u00e9quences<\/b>: En effet, pendant l’ex\u00e9cution d’un pr\u00e9avis, les parties doivent en principe continuer \u00e0 respecter leurs obligations contractuelles. En cas de faute grave de l’une d’elles, l’autre peut toujours mettre fin avec effet imm\u00e9diat au contrat, avant l’\u00e9ch\u00e9ance normale du pr\u00e9avis. \u00a0\u00a0 \u00a0 \u00a0 \u00a0 3.\u00a0\u00a0 \u00a0Telle n’est cependant pas la solution retenue par la jurisprudence. Cette question a ainsi fait l’objet d’un arr\u00eat de la Cour d’appel de Gand du 29 mai 20131.<\/b> Apr\u00e8s une dizaine d’ann\u00e9es, le conc\u00e9dant a mis fin au contrat de distribution moyennant un pr\u00e9avis de 8 mois. Cependant, apr\u00e8s un peu moins de 5 mois de pr\u00e9avis, le conc\u00e9dant a invoqu\u00e9 plusieurs \u00e9l\u00e9ments qu’il consid\u00e9rait comme constitutifs de fautes graves dans le chef du concessionnaire et a par cons\u00e9quent mis fin avec effet imm\u00e9diat \u00e0 la relation contractuelle. \u00a0\u00a0 \u00a0 \u00a0 4.\u00a0\u00a0<\/b> \u00a0La Cour a ainsi \u00e9t\u00e9 amen\u00e9e \u00e0 examiner les liens qui peuvent exister entre une r\u00e9siliation \u00ab ordinaire \u00bb du contrat de concession<\/a><\/b> (laquelle ne peut en principe intervenir que moyennant le respect d’un pr\u00e9avis \u00ab raisonnable \u00bb) et une r\u00e9siliation pour faute grave. \u00a0\u00a0 \u00a0 \u00a0 \u00a0 5.\u00a0\u00a0 \u00a0En cela, cet arr\u00eat s’inscrit dans la lign\u00e9e de la jurisprudence r\u00e9cente de la Cour de Cassation<\/b> qui, en ce qui concerne l’indemnit\u00e9 compl\u00e9mentaire \u00e0 laquelle le concessionnaire peut pr\u00e9tendre, a jug\u00e9, notamment dans un arr\u00eat du 7 avril 2005, que si cette indemnit\u00e9 na\u00eet et se d\u00e9termine au moment de la d\u00e9nonciation du contrat, il n’en reste pas moins que \u00abpour satisfaire aux crit\u00e8res d’\u00e9quit\u00e9 fix\u00e9s par la loi, le juge peut prendre en consid\u00e9ration tous les \u00e9l\u00e9ments dont il a connaissance au moment de sa d\u00e9cision, notamment la situation du concessionnaire apr\u00e8s la r\u00e9siliation du contrat \u00bb.
\u00a0\u00a0 \u00a0 \u00a0 V’ D’une part pour le conc\u00e9dant qui rompt le contrat : il peut en principe r\u00e9clamer le paiement d’indemnit\u00e9s pour le pr\u00e9judice qu’il a subi ;
\u00a0\u00a0 \u00a0 \u00a0 V’ D’autre part pour le concessionnaire dont le contrat a \u00e9t\u00e9 r\u00e9sili\u00e9: il ne peut pr\u00e9tendre \u00e0 aucun pr\u00e9avis (ni \u00e0 aucune indemnit\u00e9 compensatoire de pr\u00e9avis \u00e9ventuelle).
Enfin, l’invocation d’une faute grave exclut en principe le paiement d’une \u00e9ventuelle indemnit\u00e9 de client\u00e8le au concessionnaire.
En effet, la loi (actuel article X.37 du Code de droit \u00e9conomique) pr\u00e9voit que si le contrat de concession<\/a> est r\u00e9sili\u00e9 par le conc\u00e9dant \u00abpour d’autres motifs que la faute grave du concessionnaire \u00bb,<\/b> ce dernier peut pr\u00e9tendre \u00e0 une indemnit\u00e9 compl\u00e9mentaire \u00e9quitable notamment pour la plus-value notable de client\u00e8le qu’il a apport\u00e9e et qui reste acquise au conc\u00e9dant apr\u00e8s la fin du contrat. A l’inverse, lorsque le contrat est rompu pour faute grave, le concessionnaire ne peut donc en principe pr\u00e9tendre \u00e0 aucune indemnit\u00e9 de client\u00e8le.<\/p>\n<\/div><\/div>\n<\/p><\/div>\n<\/p><\/div>\n<\/p><\/div>\n
Une lecture litt\u00e9rale de la loi devrait en principe exclure le paiement d’une indemnit\u00e9 de client\u00e8le lorsque le contrat est r\u00e9sili\u00e9 par le conc\u00e9dant pour faute grave du concessionnaire<\/b>. La loi ne fait pas de distinction selon que cette faute grave est invoqu\u00e9e apr\u00e8s qu’un pr\u00e9avis ordinaire ait \u00e9t\u00e9 donn\u00e9 au concessionnaire ou pas. En d\u00e9cider autrement reviendrait \u00e0 traiter diff\u00e9remment deux concessionnaires dont le contrat a \u00e9t\u00e9 r\u00e9sili\u00e9 pour faute grave dans la mesure o\u00f9 l’un deux serait, contrairement \u00e0 l’autre, d\u00e9j\u00e0 en pr\u00e9avis au moment o\u00f9 la faute grave est invoqu\u00e9e.<\/p>\n
En l’esp\u00e8ce, un concessionnaire belge avait distribu\u00e9 pendant plusieurs ann\u00e9es les produits d’un conc\u00e9dant fran\u00e7ais, dans le domaine de la chocolaterie, en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg.<\/p>\n
Le concessionnaire a alors assign\u00e9 le conc\u00e9dant afin de solliciter le paiement d’indemnit\u00e9s. Un jugement a \u00e9t\u00e9 rendu par le Tribunal de commerce de Courtai, qui a ensuite fait l’objet d’un appel ayant donn\u00e9 lieu \u00e0 l’arr\u00eat comment\u00e9.<\/p>\n
La Cour a rappel\u00e9 dans son arr\u00eat que le manquement grave doit \u00eatre d\u00e9fini conform\u00e9ment au droit commun : il existe une faute grave lorsqu’une des parties ne respecte pas, fautivement ou de mani\u00e8re incompl\u00e8te, une ou plusieurs de ses obligations contractuelles et que ce manquement est consid\u00e9r\u00e9 comme tellement grave qu’il emp\u00eache la poursuite de la relation contractuelle’.
Alors qu’en premi\u00e8re instance, le Tribunal de commerce de Courtrai avait estim\u00e9 que les \u00e9l\u00e9ments invoqu\u00e9s par le conc\u00e9dant pour mettre fin avec effet imm\u00e9diat au contrat de concession<\/b> ne pouvaient pas \u00eatre consid\u00e9r\u00e9s comme des manquements graves, la Cour d’appel a quant \u00e0 elle consid\u00e9r\u00e9 qu’ils pouvaient l’\u00eatre et que c’est donc \u00e0 juste titre que le conc\u00e9dant avait r\u00e9sili\u00e9 le contrat avec effet imm\u00e9diat.
Concernant le droit \u00e0 indemnit\u00e9 de client\u00e8le, la Cour a confirm\u00e9 le jugement rendu en premi\u00e8re instance sur ce point, estimant que le droit \u00e0 une indemnit\u00e9 compl\u00e9mentaire \u00e9quitable na\u00eet et est d\u00e9termin\u00e9 au moment de la r\u00e9siliation du contrat, de telle sorte que la (seconde) r\u00e9siliation d’un contrat de concession pendant le d\u00e9lai de pr\u00e9avis (\u00ab ordinaire \u00bb) d’un concessionnaire en raison d’une faute grave de ce concessionnaire n’a pas d’influence en soi sur le droit du concessionnaire \u00e0 une indemnit\u00e9 compl\u00e9mentaire \u00e9quitable.
Par contre, la Cour a estim\u00e9 que la faute grave pourrait \u00e9ventuellement avoir une influence sur le montant de l’indemnit\u00e9 de client\u00e8le dans la mesure o\u00f9 celle-ci doit \u00eatre \u00e9valu\u00e9e \u00ab en \u00e9quit\u00e9 \u00bb.<\/p>\n
‘ Sue la notion de faute grave dans les contrats de distribution commerciale, voyez D.Putzeys, \u00ab Faute grave en mati\u00e8re de concession de vente, d’agence et de franchise\u00bb in Regards crois\u00e9s sur la distribution : concession, agence et franchise, Larcier, Collection de la Conf\u00e9rence du Jeune Barreau de Bruxelles, <\/p>\n