Comment débusquer une franchise rentable ? D’abord en se référant au Document d’Information Précontractuel (DIP) que le franchiseur doit transmettre à son futur franchisé, 20 jours au moins avant la signature du contrat, conformément à la loi Doubin. Attention, ledit document apporte plusieurs informations, dont celles relatives à la rentabilité de la société franchiseur et non pas des franchisés. Le DIP contient la liste des franchisés que vous pourrez donc interroger. Par ailleurs, le franchiseur vous donnera souvent les chiffres moyens des affaires similaires à celle que vous projetez. (emplacement, zone de chalandise, etc….) Au-delà du DIP, il existe divers indicateurs relatifs à la rentabilité, dont voici un exposé.
Qu’est-ce que la rentabilité sous l’angle financier ?
Les franchisés ont parfois tendance à estimer que leur affaire est rentable dès lors que les bénéfices qu’elle génère permettent de rembourser les crédits. Une réflexion plus poussée voudrait que l’on considère la rentabilité d’une unité en franchise en prenant en compte deux notions : les dividendes et la variation du capital.
Les dividendes désignent le revenu du capital investi tandis que la variation du capital désigne la valorisation (ou dévalorisation) du fonds de commerce. Ainsi, une affaire qui génère un bénéfice avant impôt, mais qui enregistre en parallèle une moins-value du capital, n’est pas rentable.
Bien qu’il n’y ait pas de règle précise en la matière, il faut souvent attendre 2 ans pour pouvoir parler de rentabilité. En effet, durant les deux premières années, même si elle génère d’importants bénéfices, l’unité franchisée parviendra difficilement à atteindre son point mort, soit un gain supérieur à l’apport personnel du franchisé. Cette durée peut varier selon le concept et selon les marges.
Oui mais la rémunération du travail alors ?
Note d’AC Franchise : Que l’on se soit mis à son compte par vocation ou par obligation de retrouver un travail…ou les deux. Il en faut pas oublier que le simple fait de travailler et d’en retirer un bon salaire est souvent suffisant si en plus on arrive à rembourser son prêt. Mais cet aspect n’est pas traité dans cet article.
Comment juge-t-on de la rentabilité d’une franchise ?
On juge la rentabilité d’une franchise sur la base de quatre indicateurs forts : le taux de marge de l’activité, le seuil de rentabilité, l’amortissement de l’investissement global et le CA prévisionnel
- Le taux de marge de l’activité : il s’agit du ratio entre l’excédent brut d’exploitation et la valeur ajoutée. Le premier désigne la ressource d’exploitation hors investissement tandis que le deuxième s’obtient en déduisant prix d’achat des matières premières (ou des produits finis et semi-finis dans le cas d’un commerce) du chiffre d’affaires. Ainsi, une activité nécessitant une masse salariale importante aura souvent un taux de marge de l’activité inférieur à celui d’une activité s’exerçant en solo.
- Le seuil de rentabilité ou point mort : il s’agit du chiffre d’affaires nécessaire pour couvrir les charges variables et les charges fixes. L’entreprise doit donc maximiser son CA afin de couvrir lesdites charges et de permettre au franchisé de se rémunérer.
- Le retour sur investissement ou ROI : il s’agit du ratio (Gains – Coûts d’investissement) / Coûts d’investissement. Ratio qui dépend non seulement de l’activité, mais également du niveau d’investissement initial.
- Le CA prévisionnel : le CA prévisionnel dépend autant du concept que du franchisé. Il peut être reconsidéré selon les qualités de gestion du franchisé, l’emplacement, la zone de chalandise, les efforts en innovation…
Pour que les indicateurs cités ci-dessus soient pertinents, le franchisé doit tenir compte de toutes les charges, même celles qui peuvent sembler insignifiantes mais qui finissent par chiffrer une fois additionnées.
- Les charges fixes ou charges de structure : elles ne dépendent pas de l’activité et englobent le loyer commercial du local, le montant de la facture du téléphone, d’électricité, gaz, les fournitures bureau, les charges de personnel, etc.
- Les charges variables : celles qui sont directement liées au volume d’activité.
Existe-t-il une loi qui dit qu’une franchise doit être rentable ?
Non, il n’existe pas de loi dans ce sens et pour cause ! L’éventuel manque de rentabilité peut être dû à une défaillance du franchiseur (mauvaise transmission du savoir-faire, manque de suivi…), du franchisé (savoir-faire mal appliqué ou manque d’implication dans la gestion du point de vente) ou à des facteurs externes (disparition du commerce locomotive de la zone, changement de réglementation…).
Dans tous les cas, si l’activité n’est pas rentable, le mieux est de négocier une sortie du réseau plutôt que d’aller vers le procès.
Les étapes pour évaluer la rentabilité de son projet
- 1- L’enseigne et l’emplacement : Vous devez vous acquitter d’un droit d’entrée pour intégrer un réseau de franchises. A cela s’ajoutent les royalties rémunérant l’assistance continue du franchiseur ainsi que la redevance communication. Ces charges rentrent dans le calcul de plusieurs ratios mais vous assurent une assistance que vous n’aurez pas si vous investissez en solo. Pour ce qui est de l’emplacement, il doit faire l’objet d’une étude de marché afin de déterminer si le projet est viable dans une zone d’implantation donnée. Les coûts d’entrée et d’occupation, relatifs au bail, ne doivent quant à eux pas excéder 7 % du CA. Il faut également prévoir des charges relatives à la mise au concept du local.
- 2- Études de préparation : Cette étude commence par le choix de la structure juridique. Selon ce choix, le franchisé sera assujetti à l’impôt sur le revenu et/ou les sociétés, à la TVA, au régime des travailleurs non salariés. L’étude de préparation englobe également le business plan permettant d’évaluer la viabilité économique du projet, les besoins en fonds de roulement…
- 3- Investissement : les franchiseurs et les banques demandent souvent un apport personnel de 30 % de l’investissement initial au moins. Le reste de l’investissement sera couvert par un emprunt bancaire. Que vous décidiez d’investir en franchise ou en solo, le montant de l’investissement dépendra principalement de l’activité retenue (type d’emplacement, aménagement…). La seule différence est que le franchiseur sera exigeant quant à la qualité du local et de l’agencement. Ces exigences ont prouvé leur efficacité puisque la moyenne de cessation d’activité dans les 5 premières années est beaucoup plus faible en franchise qu’en solo.
HK