Comme chaque année, LSA consacre un ou plusieurs articles à la franchise à l’occasion du salon de la franchise de Paris. Voici un article du 11 mars 2004.
Le nombre de franchiseurs et de franchisés augmentent, la Fédération de la franchise recrute, le salon progresse ; état des lieux d’une formule qui se professionnalise.
Le cru 2004 de Franchise Expo devrait, à nouveau, confirmer la bonne santé de cette forme de commerce indépendant. Le salon, où exposent franchiseurs au sens strict, mais aussi coopératives de commerçants, chaînes volontaires et autres enseignes en partenariat, abritera cette année 400 enseignes. Pour une centaine d’entre elles, ce sera une première apparition. (Note de AC Franchise : Notons cependant que nombreuses sont les enseignes qui exposent une première fois au salon, sans avoir déjà des franchisés, ou si peu, et qui ne reviendront jamais faute de préparation au métier de franchiseur.) Cette évolution positive tient en partie au volontarisme des organisateurs, qui ont intensifié la prospection des enseignes étrangères en ouvrant des bureaux en Italie et en Espagne. Mais elle doit aussi beaucoup au regain de dynamisme de la franchise en France.
Les chiffres, même s’ils méritent d’être étudiés avec circonspection, en témoignent (lire page 55). Après des années de baisse, (Note de AC Franchise : Attention, les statistiques ne sont pas toujours faites sur les mêmes bases et les comparaisons sont parfois hasardeuses car n’ayant pas vérifié auparavant les méthodes statistiques. C’est ainsi que dans le milieu des années 90, le CECOD avait annoncé une baisse de 20 % la franchise en un an alors qu’il avait tout simplement durci les conditions pour figurer dans son annuaire en définissant le franchiseur comme ayant déjà au moins un franchisé alors que précédemment, il suffisait de vouloir franchiser !!!!) le nombre de franchisés d’enseignes de grande consommation s’est remis à augmenter. Alimentation, équipement de la personne, commerces hyperspécialisés, aucun secteur ne semble y échapper.
Même la niche des magasins de troc et d’achat-vente de biens d’occasion, l’activité qui a connu le plus gros bouillon au cours des dernières années, semble reprendre le dessus. Victime d’une crise de croissance qui avait causé son dépôt de bilan en 2002, La Trocante (59 unités) vient ainsi de voir son plan de continuation homologué. Présenté par Pascal Lescouzères, PDG et fondateur de l’enseigne, le plan consacre le recentrage de l’entreprise, qui s’est séparée de sa centrale d’achats, sur le pilotage de son métier de franchiseur et prévoit la relance du développement : une dizaine de contrats sont en portefeuille pour 2004. Selon le PDG, le marché l’autorise. « Il suffit de contempler le succès des brocantes et autres vide-greniers pour se convaincre qu’il y a encore du potentiel », plaide Pascal Lescouzères. (Note de AC Franchise : des amateurs sévissent encore dans ce métier. Informez-vous bien sur les franchisés disparus pendant les dernières années et pas seulement comme indiqué dans le DIP pendant les 12 derniers mois)
Autre indice de la vitalité du secteur, les rangs de la Fédération française de la franchise (FFF) grossissent. Depuis novembre dernier, sept enseignes l’ont rejointe. Parmi elles, un vétéran, la chaîne d’équipement du foyer, But ; une valeur confirmée de la nouvelle génération des franchises de mode enfantine, Orchestra ; un succursaliste fraîchement converti, Générale d’Optique (groupe GrandVision) ; et les jeunes concepts Lollipops et Fruits & Passion. (Note de AC Franchise : Seul le Master Fruits et Passion n’a pas réussi et a du cesser son activité en France.)
Cette diversité ne doit pas surprendre. Aujourd’hui, la franchise fait tout autant office de levier de développement pour les nouveaux concepts – notamment dans l’alimentation bio, la chaussure de sport et l’ameublement décoration – que de relais de croissance pour les enseignes établies. Ainsi les succursalistes en font usage pour densifier leur réseau à moindre coût. Une tendance engagée depuis quelques années qui se confirme avec, outre le groupe GrandVision, l’arrivée des boulangeries Paul à Franchise Expo.
Fait nouveau, les coopératives de commerçants commencent à épouser la tendance dans le secteur de l’optique. À l’inverse, la mixité entre franchises et succursales est de mise chez les franchiseurs, soucieux de tirer parti des deux systèmes : accès direct au marché d’un côté, motivation et rapidité de développement de l’autre. « C’est une tendance de fond : les enseignes ont compris qu’elles avaient intérêt à utiliser les deux », commente Chantal Zimmer, déléguée générale de la FFF. Avec des effets positifs sur le management des réseaux, qui devient plus participatif. « Aujourd’hui, franchiseurs et franchisés ne peuvent plus travailler chacun de son côté », commente Olivier Thiébaut, directeur commercial et développement de la Compagnie des Petits, (Note de AC Franchise : Olivier Thiébaut est ensuite devenu consultant chez AC Franchise) chaîne de mode enfantine qui vient de remettre sur pied des commissions consultatives de franchisés, composées de mem-bres élus.
La croissance durable
Cette imbrication traduit en fait a une véritable professionnalisation. « C’est vrai qu’il y a eu des morts et des procès, mais, aujourd’hui, les procédures sont bien huilées », estime la consultante Hélène Prazowski, qui conseille la chaîne de chaussures pour femmes Eden Shoes. « Nous ne cherchons pas à ouvrir à tout-va. Si je pouvais trouver dix partenaires ouvrant trois magasins chacun, cela serait très bien », déclare son fondateur, Frédéric Banjout, qui a mis près de dix ans à peaufiner son concept et à rôder son réseau, composé de 27 succursales. « Si par le passé les franchiseurs ont souffert du diktat de la croissance rapide, ils essayent aujourd’hui de construire sur du durable, confirme le consultant en franchise Jean Samper. Quant aux candidats franchisés, ils sont mieux formés et informés et se laissent moins porter par leurs rêves. »
Le revers de la médaille, selon lui, c’est qu’il n’a jamais été aussi difficile de recruter des franchisés. À la prudence des candidats s’ajoute en effet la pénurie d’emplacements. En périphérie, le problème est de faire vivre un franchisé deux ans, en attendant qu’il obtienne l’autorisation de la CDEC. En centre-ville, le prix des pas-de-porte est exorbitant. Du coup, la tentation est grande de recruter des commerçants en exercice, avec une expérience multifranchisée et un profil d’investisseur. Un public exigeant qui hésitera moins, au moment du contrat, à aller voir ailleurs… Mais la croissance vertueuse a un prix.
Vu dans LSA le 11 mars 2004