Interview de Jean Samper, Fondateur de ac-franchise.be réalisée par Nabil Allani pour Entreprises Magazine, périodique tunisien.
1) AC FRANCHISE a ouvert à Tunis. Dans quel but et pourquoi maintenant ?
Je me suis toujours senti attiré et concerné par le Maghreb. Je fais partie des euro-méditerranéens convaincus, de ceux qui pensent que les grecs, les carthaginois et les romains ont forgé un socle commun plus important que les dissensions nées des luttes pour la domination momentanée de tel ou tel groupe. Nos histoires se sont mutuellement croisées, entrechoquées parfois mais surtout enrichies. Nous devons travailler davantage ensemble, tunisiens et français sont complémentaires dans la mondialisation.
La démarche d’AC Franchise concerne le Maghreb dans son ensemble. Nous avons misé sur le moyen terme. Nous sommes intéressés par près de 80 millions d’habitants répartis dans trois pays appelés à croître plus vite que le marché français. Trois pays où tout est encore à faire ou presque en matière de franchise.
En 2009 la loi sur la modernisation du commerce et la franchise et l’organisation du premier salon de la franchise par la CCI de Tunis ont créé le bon moment pour une implantation. Nous avons participé à ce salon, j’y ai donné plusieurs conférences sur la franchise mais nous avons surtout créé AC Franchise Tunisie, le portail de la franchise en Tunisie, avec pour objectif de développer la connaissance de la franchise en Tunisie et de faciliter la mise en relation des franchiseurs et des futurs franchisés. Ce portail sera considérablement remanié et modernisé début 2014.
En septembre 2010, nous avons même franchi un pas en favorisant la création à Tunis d’un cabinet conseil en Franchise mais les remous économiques consécutifs à la révolution de Jasmin ont eu raison de la trésorerie de notre partenaire.
Notre volonté est de nous concentrer sur notre portail ac-franchise.be et d’aider les franchiseurs, les consultants, les avocats et tous ceux qui veulent se développer grâce à la franchise. Notre intention est de prendre une place durable par la coopération avec les compétences tunisiennes.
Pour AC Franchise, la Tunisie est un marché, certes, mais aussi un pays fournisseur. Plusieurs petites entreprises exportatrices tunisiennes apportent leurs compétences à AC Franchise France. Leur maîtrise de la langue française alliée à leur haut niveau de formation et à leurs compétences nous a convaincu.
Mais au fait, ce n’est pas une filiale que nous avons ouverte à Tunis. Certes, nous avons créé ac-franchise.be Tunisie et ce site nous appartient mais sa gestion et sa commercialisation sont confiées à Sonia Tajouri qui a passé 17 années en France, est tunisienne et a créé sa propre entreprise en Tunisie.
Jean Samper est dans la franchise depuis 1975. Il a créé AC Franchise en 1989.
Quel que soit le pays examiné, la franchise est en devenir au Maghreb et son avenir est très important même si le démarrage fut laborieux. Il y a quelques dizaines de franchises ou réseaux assimilés en Tunisie. L’Algérie devrait atteindre la centaine de réseaux en 2014. Et selon les statistiques officielles, quelques centaines de franchises existeraient au Maroc. De prime abord la franchise paraît donc bien plus développée au Maroc même si la réalité est un peu moins évidente. L’exemple marocain est instructif. J’aimerais en parler dans les grandes lignes pour que les tunisiens se servent de cette expérience pour aller plus vite, mieux et avec moins de dommages.
La plupart des franchises présentes au Maroc n’ont qu’un, deux ou trois points de vente. Il n’y a guère plus de 2400 points de vente dans ces 400 réseaux si l’on compte les vraies franchises, les concessions, les licences de marque, les accords non écrits, etc… Certains de ces points de vente ressemblent bien peu à une franchise.
Le plus souvent, c’est un opérateur marocain qui a obtenu la représentation d’une franchise étrangère et possède lui-même ces quelques magasins ou restaurants. Il ne cherche pas véritablement à développer le réseau, soit parce que les prix des produits « made in Europe » ou passant par l’Europe ne permettent pas de s’implanter partout dans le royaume, soit parce que ses moyens financiers ne lui permettent pas. On trouve très rarement ces réseaux hors de Casablanca, Marrakech, Rabat et plus récemment Tanger avec quelques exceptions à Agadir ou Meknès. Notons aussi qu’un petit nombre d’enseignes comptées comme des franchises au Maroc, n’ont pas de franchisés dans leur pays d’origine et que faute de structure adéquate, le soutien qu’elles ont apporté à leur franchisé marocain a parfois été très limité. Soyons clair, l’appellation franchise n’est justifiée que pour moins d’un tiers de ces réseaux ; souvent ce ne sont que de simples distributeurs exclusifs .
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